Jacques Expert : "Oui, c'est vrai, j'écris sur le bureau de Coppola..."

Il vient de publier son 7ème roman cet été, baptisé Tu me plais (Edition Livre de Poche). Encore une "sale" histoire. Celle de Stéphanie, une jeune femme qui croise dans le métro Vincent, un beau jeune homme. Coup de foudre. Et si... Et si Vincent n'était pas celui qu'elle croit ? Comment lui échapper ? Journaliste, directeur des programmes de RTL depuis 2012 après l'avoir été sur Paris Première, Jacques Expert mène en parallèle une carrière d'auteur de polars, publié depuis 2011 chez Sonatine Editions (Adieu, Qui ?, Deux Gouttes d'Eau...). Des romans souvent inspirés de son expérience, avec des histoires qui se distinguent du tout-venant. La première fois que je l'avais rencontré, au cours d'un déjeuner, il m'avait donné quelques conseils bienveillants et encourageants alors que je m'apprêtais à publier mon premier thriller. Depuis, je l'ai revu souvent sur des salons, toujours discret. Si bien qu'à la longue, j'ai voulu en savoir un peu plus sur l'auteur. Voilà donc Jacques Expert passé à La Question... Il y a répondu a-priori sans trop souffrir...

Quel est le premier livre qui t'a laissé un souvenir marquant ?

Il y a les livres qui marquent dans sa jeunesse puis à l'âge adulte. Pour répondre à cette question il faut trouver des livres qu'on peut lire et relire durant toute sa vie. Aussi je pense à deux auteurs qui ne m'ont jamais quitté : Joseph Kessel et François Mauriac.

Pendant ton enfance et ton adolescence, étais-tu du genre à raconter des/tes histoires aux autres ?

Non, mais j'ai le vague souvenir que mon univers de jeunesse était plein d'histoires que j'inventais à l'instant de m'endormir.

Est-ce que l'envie d'écrire t'est venue très tôt ? Et si oui, de quelle manière ? Te souviens-tu de tes premiers récits ?

Le premier récit que j'ai écrit et que je conserve est celui de ma traversée du Sahara et de l'Afrique noire en 2cv camionnette. J'avais 19 ans.

Avais-tu des facilités en français ? Quelles étaient tes notes au bac ?

Je me souviens d'un premier prix en français et en latin en première. Je me souviens aussi d'une note pitoyable au bac français, la même année.

Tu es journaliste, tu as commencé à la radio... Avais-tu en tête un jour l'idée que tu écrirais des romans, en particulier des polars ?

Non, je ne me suis jamais imaginé romancier. A l'époque, quand j'étais journaliste j'ai écrit plusieurs essais sur la prison de longue durée, l'Europe de l'Est après la chute du communisme et même les Jeux Olympiques. C'est ensuite en travaillant sur un essai concernant les femmes d'assassins que je suis passé au roman noir. C'était en 2007 avec La Femme du Monstre. Depuis je préfère de loin écrire des romans. Quelle liberté !

As-tu eu beaucoup de difficultés à être publié ?

Non, à vrai dire jamais. Je me souviens que j'ai écrit mon premier roman dans mon coin sans avoir d'éditeur. Puis je l'ai envoyé à Anne Carrière. Deux jours plus tard, par texto, elle m'a d'écrit qu'elle voulait le publier. C'était en plein comité de direction de M6 (Jacques Expert dirigeait alors la chaîne Paris Première, filiale du groupe M6). Je n'ai pas fait le tour de la salle en chantant "Au revoir président !", je suis resté très digne !

Le fait d'être journaliste a-t-il été une aide ou un handicap dans ta façon de construire tes histoires ?

Avoir été grand reporter à France Inter et France Info a formidablement nourri ma connaissance sans concession de la nature humaine. Je crois, pendant ces années avoir été confronté au pire... Et au meilleur.

Quelle est la grande différence (s'il y en a une !) entre ton écriture journalistique et ton écriture romanesque ?

Le journalisme m'a permis de satisfaire ma curiosité naturelle de la société. Mes romans en sont le reflet. Avec ce métier, j'ai appris à observer, à écrire rapidement sans me poser se questions. Mon style est aussi assez journalistique avec des phrases courtes et que j'espère, efficaces. Je pense qu'avoir été journaliste de terrain m'a beaucoup apporté. D'autre part, je suis vigilant sur la véracité des lieux (au point d'aller sur place pour vérifier des détails), l'exactitude des procédures. Je pense que je dois cette minutie (un peu maniaque, j'avoue !) à la pratique du journalisme. En revanche, les deux métiers ne se pratiquent pas de la même façon. L'un est dans l'immédiateté (une histoire efface l'autre), l'autre dans la longueur. Les papiers meurent... Les livres survivent...

Où écris-tu ? As-tu des habitudes ? Je crois savoir que tu as fait l'acquisition d'un bureau immense qui appartenait à Francis Ford Coppola...

Je n'ai pas vraiment de rituels. Cependant j'aime bien écrire en musique (playlist Deezer !). J'ai besoin d'être dans ma bulle, isolé du monde et j'ai du mal à écrire en dehors du calme de mon bureau, entouré de ma documentation et d'objets glanés au fil de mes lointains voyages. Par exemple, parmi ces dizaines de souvenirs anecdotiques mais qui me rappellent de "bons moments passés", j'ai un pion du jeu d'échec que j'ai "volé" dans la maison de Ceausescu à Budapest en 1989... Le bureau sur lequel je travaille à l'ordinateur est immense. Et en effet, il appartenait à Coppola à l'époque où il travaillait chez Universal. Je l'ai acquis dans une vente aux enchères, mais je n'ai su qu'après l'identité de mon prédécesseur... Sinon, je crois que j'aurais hésité !

Tes histoires, en connais-tu la fin quand tu te lances sur un nouveau roman ? Est-ce que tu fais des plans, utilises-tu des post-it, des photos des lieux, des cartes ou au contraire te fies-tu juste à ton imagination ?

Non, je fais partie de ceux qui écrivent à l'instinct. Je pars d'une idée et je me laisse surprendre par les pistes que j'ouvre. C'est plus risqué que de suivre un plan, mais c'est beaucoup plus jouissif de se laisser guider par son imagination. En revanche, avant de commencer je m'oblige à construire un portrait psychologique de mes principaux personnages.

L'un de tes livres, Ce soir, je vais tuer l'assassin de mon fils a été adapté à la télévision pour TF1... Quel a été ton sentiment en voyant tes personnages prendre vie à l'écran ?

L'adaptation était réussie. Ce qui est intéressant, c'est en effet de voir comment un autre auteur, en l'occurrence le réalisateur, imagine et matérialise les lieux et les personnages. Finalement, tout en n’étant pas ceux que j'ai créés, ils ne sont pas très différents des miens.

Justement, quand tu écris, est-ce que tu t'inspires de gens que tu connais pour tes personnages afin de les "visualiser" ou de photos d'acteurs comme le fait par exemple Ken Follet, ou encore les crées-tu ex-nihilo ? T'amuses-tu à glisser des clins d'oeils à tes proches dans tes histoires ?

Certains personnages s'inspirent en effet de gens que j'ai eu l'occasion de rencontrer. L'un d'eux m'a même été totalement inspiré par un voisin. Je m'autorise une petite fantaisie : les noms des personnages sont ceux d'amis. Certains, très proches sont là depuis le premier livre, parfois dans des premiers rôles, parfois simples figurants. Si je les oublie, ils m'en veulent ! C'est un clin d'œil à l'amitié.

Quelle part de toi mets-tu dans tes romans ? Y-a-t-il un personnage dans lequel on pourrait te reconnaître dans l'un de tes sept livres/romans déjà publiés ?

J'y mets mon expérience, mais rien de moi. Je n'ai inspiré aucun de mes personnages !

Dans le dernier, Tu me plais, tout tourne autour de la rencontre, du hasard... C'est un thème qui t'est cher. Qu'est-ce qui dans ta vie a semblé bénéficié d'un incroyable concours de circonstances ou d'un hasard ?

Je crois au hasard, pas au destin. C'est vrai que ma vie professionnelle (et donc toute ma vie..) est la conséquence d'un hasard assez incroyable. Je sortais de Sup de Co et j'allais reprendre une entreprise familiale. Classique. Un après-midi je passe chez un copain qui me montre une minuscule annonce dans le Monde. Ils cherchaient des jeunes journalistes pour une radio aux Antilles. Je n'avais aucune expérience en la matière mais j'ai répondu pour voir. J'avais juste le goût des voyages et de l'aventure. J'ai été engagé et j'y suis resté quatre ans. Si mon copain ne m'avait pas montré cette annonce, je ne sais pas ce qu'aurait été ma vie... En tout cas il figure maintenant dans la plupart de mes romans !

Connais-tu déjà le sujet de ton prochain roman ? Peux-tu nous le dévoiler, ainsi que son titre ?

J'ai en effet commencé ... La suite (et la fin) en septembre 2016...

Sinon, quels sont tes auteurs du moment ? Et si tu n'avais qu'un livre à recommander, quel serait-il ?

J'ai beaucoup lu cet été... Je recommande sans hésiter la réédition (chez P. Rey) de Prête à tout de Joyce Maynard.

Propos recueillis (via mail) par Frédérick Rapilly, en août 2015

Jacques Expert : "Oui, c'est vrai, j'écris sur le bureau de Coppola..."
Jacques Expert : "Oui, c'est vrai, j'écris sur le bureau de Coppola..."
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
D
Expert Cleaners within Ottawa make use of best actually liquid stay cleaners and way to remove just about all most all finger marks, sticky places, and persistent stains. Ottawa cleansing services assistance to disappear something stuck towards the wall by having an ease.
Répondre
V
Il semble que vous maîtrisiez mal l'orthographe du mot "Quel"... Question 8 : Quel est la grande différence (...) = quelle est. Question 13 : "Quel" part de toi = quelle part... Par contre dans la réponse : "L'un d'eux m'a même était totalement inspiré par un voisin." "été" serait plus correct... non ?
Répondre
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog