Que ta volonté soit faite / Maxime Chattam

C'est quoi l'histoire ?

Carson Mills : petit bled au fin fond de l'Amérique. Son shérif, ses deux églises, sa petite vie tranquille... Qu'est-ce qui pourrait bien déranger la routine de ses habitants ? Ou plutôt qui ? Pour Jarvis Jefferson, le shérif du coin, le mal va s'incarner sous les traits d'un gamin pas tout à fait comme les autres. Jon Petersen est un ado "différent" sans que Jarvis puisse pourtant lui reprocher quoi que ce soit précisément. Plusieurs jeunes filles des environs ont reçu contre leur gré un visiteur du soir, sans qu'elles puissent l'identifier. Elles sont traumatisées, mais n'osent pas parler. Le violeur signe ses agressions d'un coquelicot. Et puis, il y a eu ce meurtre sauvage, celui d'une bibliothécaire trop curieuse : Theresa Turnpike. Auprès de son cadavre, des mégots de cigarette d'une marque particulière. Le shérif Jarvis enquête, à son rythme. Lent. trop lent. Mais Jon Petersen passe entre les mailles du filet. A moins que l'affaire ne soit beaucoup plus complexe qu'elle n'en a l'air...

Et c'est comment ?

L'auteur nous a habitué à délivrer régulièrement des thrillers sanglants où les tueurs en série se comportent le plus souvent comme des supra prédateurs, consommant/dévorant l'humanité comme autant de produits disponibles en grands magasins, pillant, violant, assassinant dans les rayons.

Avec "Que ta volonté soit faite", Maxime Chattam dévoile une autre facette de son écriture, et cherche à se renouveler. Moins efficace sans doute, mais plus écrit. Un soin particulier dans la description de l'atmosphère oppressante de cette petite ville du Midwest. Et pour nouveau procédé, l'idée d'utiliser un narrateur ayant été témoin des faits (une idée qui n'est pas sans conséquence sur la conclusion).

Pour avoir lu récemment "Le Diable, tout le temps" de Donald Ray Pollock, j'y ai retrouvé quelques similitudes. Après un temps d'adaptation, on plonge avec curiosité dans ce roman poisseux, différent, qui prend son temps. Le retournement final ne m'a pas complétement convaincu, malgré son côté astucieux. Trop peut-être... Comme s'il fallait être de nouveau efficace arrivé à ce stade et scotcher le lecteur. Il m'a manqué un peu d'émotion alors que tout le récit me semblait converger en ce sens. Pas mon Maxime Chattam préféré (toujours un faible pour "La Trilogie du Mal") même s'il faut vraiment saluer l'ambition de l'auteur à ne pas se cantonner dans un seul registre, et à aller explorer de nouveaux territoires.

Frédérick Rapilly

Cote d'amour = 65 %

ROMAN NOIR. Que ta volonté soit faite, Edition Albin Michel, 361 pages, 21.90 E