MATIERE NOIRE / Ivan Zinberg

... C'EST QUOI L'HISTOIRE ?

Une nuit, de nos jours (ou presque)... Une jeune femme nommée Inès qui s'évanouit, happée, avalée par les ténèbres, aux abords d'une discothèque. Et une seconde, Marion, qui ne revient pas d'un jogging matinal. Qu'est-ce qui lient ces deux disparitions ? Rien ? Tout ? Fausse piste ? Ou pas ? Pour Inès, c'est Karim, un flic expérimenté de la BAC de Saint Etienne qui se retrouve, sans vraiment l'avoir voulu, à enquêter hors de sa zone de compétence habituelle. Pourquoi ? Parce qu'Inès se nomme Ouari, et lui Bekkouche. Qu'elle aurait pu être sa fille. Et qu'une femme qu'il appréciait vient le lui demander : la mère d'Inès. Pour Marion, c'est aussi un flic, mais d'un autre genre, qui part sur ses traces et celles de celui, celle ou ceux qui l'ont enlevée. Est-elle morte d'ailleurs ? Ce policier n'en est plus un. Retraité, Jacques Canovas occupe sa solitude comme journaliste, investiguant pour un hebdo très lu, très suivi mais pas vraiment apprécié des élites de la presse, un magazine qui a fait du malheur son fond de commerce. Les méandres de ces deux affaires vont venir se mêler, s'emmêler et obliger ces deux hommes à collaborer dans une affaire de tueur(s) en série d'une ampleur insoupçonnée. Comme un poison, une contamination qui s’étend…

... ET C'EST COMMENT ?

Noir de chez noir. Un thriller super documenté avec deux personnages hyper attachants, fracassés mais toujours debout. On sent sous la plume d'Ivan Zinberg, policier lui-même, tout le plaisir qu'il a, à faire évoluer ses deux anti-héros, mettre en scène leur collaboration future. Atmosphère, atmosphère... Matière Noire plonge son lecteur dans une intrigue à la fois hyper réaliste et en même temps pleine de rebondissements vraiment inattendus dans une France du milieu (Saint Etienne, Lyon, les environs) peu racontée. La description des banlieues et des centres urbains, échappe aux clichetons habituels, témoins les scènes d'interventions de la BAC de Saint Etienne qui donnent la sensation au lecteur d'être assis juste derrière le conducteur, ou à ses côtés. Un vrai grand polar sous haute tension avec une fin qui surprend sans jouer sur un twist artificiel. Si je cherche quelques noms pour comparer, je n'ai pas de Français qui me viennent immédiatement en tête, mais plutôt des écrivains comme Jo Nesbo, Michael Connelly ou encore Deon Meyer, quand ils sont à leur meilleur et qu'ils téléportent leurs lecteurs en quelques lignes dans leur environnement (Oslo, Los Angeles, Le Cap). Là, c’est du côté de Saint Etienne et de Lyon mais dépaysement garanti.

Frédérick Rapilly

Cote d'amour = 80 %

POLAR. Matière Noire, Editions Cosmopolis, 462 pages, 19,95 E