Le Manufacturier / Mattias Köping
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... C'EST QUOI L'HISTOIRE ?
Le port du Havre, de nos jours... Deux clans s'y disputent farouchement (et c'est un euphémisme) le contrôle du trafic de stupéfiants, ainsi que le marché de la prostitution locale. Un flic, efficace mais craint par tous y compris par sa hiérarchie, surveille cela avec attention et... intentions. Dans son dos, l'homme, chef de la Criminelle, est surnommé Zéro. Une allusion évidente à son crâne rasé, savamment entretenu. Incontrôlable ? Oui, et non. Les manières brutales de Zéro, alias Radiche, le mettent à part. Dans une sorte de marigot où aucun de ses collègues ne tient à venir le provoquer. Ce n'est pas son domaine mais Zéro surveille de très près les activités des deux clans sur la zone. Pourquoi ? En parallèle, les corps d'une femme et d'un bambin, abandonnés dans une mise en scène plus que macabre, ignoble, sont retrouvés dans les environs. Enfin, dans une ferme isolée en Lozère, Milovan, un réfugié croate devenu Français et victime d'un crime de guerre atroce pendant la guerre qui opposait son peuple aux Serbes en ex Yougoslavie, veille sur les derniers jours de son père adoptif. Et tente de retrouver les traces effacées de ses tortionnaires. Radiche et Milovan sont-ils liés ? Pourquoi ? Comment ? Rapidement, d'autres meurtres sont découverts sur l'ensemble de l'Hexagone, pendant que les flics découvrent l'existence d'un site secret où des snuff-movies sont disponibles à la demande auprès de certains amateurs, soigneusement sélectionnés.
.... ET C'EST COMMENT ?
Si vous avez lu Les Racines du Mal de Maurice G. Dantec, et si vous vous souvenez de l'écho qu'avait la parution en 1995 de ce polar halluciné et hallucinant, vous devriez être simplement scotché au plafond au fur et à mesure que vous dévorerez les pages de ce Manufacturier. Auteur d'un premier roman, Les Démoniaques, qui étaient déjà un choc, une sorte de relecture de Délivrance (le film) en Normandie, Mattias Köping accroche la barre une vingtaine de barreaux plus hauts avec ce thriller aux ramifications incroyables, qui flirte avec la ligne jaune et puis se décide à passer de l'autre côté, dans un monde vénéneux, dantesque, digne des peintures de Jérome Bosch, où la folie des hommes semble vraiment sans limite. C'est dur, c'est cru, c'est plus noir que noir, mais une fois que vous l'avez commencé, c'est impossible de s'en décrocher. Plus qu'une claque, un tabassage en règle mais que c'est bon.
Frédérick Rapilly
Cote d'amour = 95 %
THRILLER. Le Manufacturier, Editions Ring (Rig Noir), 548 pages, 21,90 E