Mindhunter / créée par Joe Penhall, produite par David Fincher et Charlize Theron...
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... C'EST QUOI L'HISTOIRE ?
Fin des années 70 aux Etats-Unis alors que la fièvre disco bat son plein, et que les punks s'époumonent à Londres... L'agent du FBI Holden Ford (Jonathan Groff), en décalage avec sa hiérarchie, réalise que les méthodes du Bureau sont de moins en moins adaptés aux nouvelles réalités du monde moderne. Il a l'intuition qu'un nouveau type de criminels est en train d'émerger aux Etats-Unis et que pour les combattre, il faut peut-être les comprendre, entrer dans leur tête, pénétrer leur cerveau (d'où "Mind Hunter", chasseur d'esprit ou de cerveau, en anglais). Après avoir repris ses études (avec cette fois l'accord de son supérieur), Holden est détaché auprès d'un autre agent plus expérimenté, Bill Tench (Holt McCallany), pour expliquer les rudiments du profilage. Le duo profite de ces déplacements à travers le pays pour aller interviewer en prison des tueurs en série notoires, à commencer par Ed Kemper (impressionnant Cameron Britton), plus connu sous le nom de L'Ogre de Santa Cruz, nécrophile et cannibale, condamné pour dix meurtres dont sept jeunes femmes. Peu à peu, Holden et Bill sont obligés de dévoiler leur projet auprès de leur hiérarchie au sein du FBI...
... ET C'EST COMMENT ?
Mindhunter est une série qui prend son temps, installe une ambiance, s'amuse aussi avec les codes, soulignant en particulier la rigidité du FBI de l'époque, sorte de congrégation de moines soldats en costumes sombres, et cravates aux noeuds bien serrés, tout en montrant que cette institution est prête à se réformer. Et ce n'est pas un hasard si David Fincher est aux commandes, le cinéaste de Se7en, Zodiac ou encore Millénium ayant réalisé les quatre premiers épisodes. Il installe une esthétique glaçante, avec des couleurs verdâtres qui rappelle l'ambiance des morgues ou évoque les salles d'hôpital. Côté acteurs, Jonathan Groff peu connu en France (Looking, Boss...) impressionne avec son look de jeune premier fluet alors que sa ressemblance avec Emmanuel Macron ne peut manquer de marque le téléspectateur français. Il instille dans son jeu d'abord une candeur, qui peu à peu vire à l'arrogance du "sachant" ("Moi, je sais ce qui se passe dans la tête des monstres !", et sur la fin de la saison 1 commence à évoquer la folie. Face à lui, le massif Holt McCallany, habitué des seconds rôles (Alien 3, Jack Reacher...), incarne une sorte de King Kong dépassé par l'ambition de son protégé. Quant à Anna Torv (Fringe) qui arrive au cours de la série dans le rôle de Wendy Carr, une professeure de psychologie qui rejoint le duo pour l'aider à "scientifiser" leurs interviews, elle amène à la fois de la rigidité et de l'élégance.
Plus qu'une série sur les tueurs en série (à l'époque, baptisés tueurs en séquence), Mindhunter paraît être aussi une réflexion sur l'évolution d'une société, et ses marqueurs de changement même si ceux-là sont jugés négatifs. Une des théories développées dans Mindhunter est celle aujourd'hui globalement acceptée que tout bouleversement sociétal entraîne des conséquences sociales, et que l'émergence des tueurs en série (ou plutôt leur visibilité) serait une conséquence de ces évolutions trop rapides. Une théorie parmi d'autres puisque certains font remonter "l'ancêtre" des tueurs en série à l'ère Han en Chine (- 144 avant Jésus Christ), avec les exactions commises par Liu Pengli, prince de Jidong, soupçonné de plus d'une centaine de meurtres gratuits...
Une saison 2 a été commandée avant même que la 1 ne soit diffusée.
Frédérick Rapilly
Cote d'amour = 80 %
A rapprocher de The Killing, The Killing US, Bron, Hannibal...
Disponible sur Netflix (10 épisodes)