(Quai du Polar 2017) Bernard Minier / Une putain d'histoire
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Henry, 16 ans, vit sur une île. Glass Island. Il y pleut souvent. Des orques, géants pacifiques mais impressionnants, rodent autour de ce caillou relié au continent par le ballet lancinant des ferries. Les touristes adorent s'y promener l'été. Moins, l'hiver ! Henry aime Nirvana, les films d’horreur et… Naomi, une jeune métisse indienne. Mais celle-ci vient de mourir. Son corps vient d’être découvert sur une plage isolée, entortillé dans un filet de pêche. La veille, le couple s'était disputé sur l'Elwha, le ferry du retour. En reculant, Naomi avait manqué de tomber dans l'eau glacée. Une caméra de surveillance avait tout capté. Jusqu'à l'expression du visage d'Henry. Alors, est-ce un meurtre ? L'adolescent tranquille (trop ?) est numéro 1 sur la liste des suspects… Le shérif local s’interroge sur ce garçon, orphelin, élevé par deux femmes, qui n’a pas de profil sur Facebook. Avec sa bande de copains, Henry décide de se lancer dans sa propre enquête... Mais les apparences sont trompeuses. Qui veut vraiment savoir ce qui s'est passé pour Naomi ? Sa mort ne servirait-elle pas un autre dessein ? D'autant qu'il n'y a pas que la police qui pose des questions sur Henry... D'autres hommes débarquent bientôt sur l'île pour en savoir plus sur l'orphelin, et son étrange passé.
J'ai mis un bon mois avant d'ouvrir "Putain d'histoire", comme si je redoutais d'être déçu. Ou alors, pas très motivé au départ pour une histoire où les héros seraient des ados. Mais.... Mais... Mais... Il y a toujours un mais. Aussitôt ouvert, aussitôt capté, happé, avalé par l'intrigue. Dans ce 4ème roman, bye-bye la France, les Pyrénées, etc, Bernard Minier trace sa route, direct sur la côte ouest des Etats-Unis. La région autour de Seattle, où ont été tourné... X-Files, The Killing version US. Il élabore un jeu de pistes machiavélique et très cinématographique (entre Usual Supect, Stand by Me et Shutter Island). Comme un courant impétueux, on se retrouve littéralement aspiré sans pouvoir résister dans ce suspens sinueux dont l’issue est un vrai tour de force. Une fin qui pourrait dérouter certains, en forme de conte moral, mais que pour ma part, je n'ai pas absolument pas vu venir. Et ça fait toujours plaisir d'être "attrapé" par l'auteur. Lecture ultra ultra ultra recommandé pour cet été, mais aussi pour cet automne, et cet hiver, et l'année prochaine.
Frédérick Rapilly
Cote d'amour = 93 % (juste pour chipoter)
THRILLER. XO Editions, 525 pages, 21,90 E